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1938-1939, Années mouvementées pour nos villages

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Entre 1935 et 1940, on pressentait la guerre. En septembre 39, lors des incidents de Munich et l’invasion de la Pologne par les troupes allemandes, la mobilisation est générale pour toute la Belgique. Plus de 2000 militaires sont venus occuper les 2 communes d’Evegnée et de Tignée; ils étaient chargés de creuser des tranchées dans les prairies aux alentours du fort d’Evegnée. Pendant plus de 8 mois, bon nombre de soldats logent dans les fermes ou chez l’habitant. A Evegnée, tous les fenils et les étables des fermes sont occupés, même l’école est réquisitionnée pour loger les militaires. Sur Miermont, le long du chemin, un ballon gonflé à l’hélium de plus de 30 mètres de longueur et d’un diamètre de 5 a 6 mètres est accroché à un cordage. Un treuil à moteur sert à le ramener à son point d’ancrage. Par beau temps, la nacelle est élevée dans le ciel ; elle est occupée par des militaires qui scrutent les environs et, principalement, la frontière allemande.

A gauche de la ferme de chez Massart, aujourd’hui le centre Médical des Vergers, se trouvait la cuisine roulante qui nourrissait la troupe matin, midi et soir. J'étais gamin et, avec mon frère Alphonse, nous adorions goûter la soupe ou les petits pois-carottes de la troupe. Je me souviens particulièrement d'un militaire qui faisait partie du groupe médical, brassard de la croix rouge au bras et une petite mallette à la ceinture. Ce monsieur s’appelait Charles Colson et il était tout heureux d’être mobilisé dans le Matefosse car il restait proche de sa dulcinée, Victoire Hansez. A Tignée, les soldats occupent les fermes du village et d’autres maisons particulières Les deux fermes Lacroix et Renote (actuellement chez Delnooz) du Frumhy ont même reçu la visite du roi Léopold ; on peut en voir la photo dans l’édition N°46 de février 2011. Dans le courant de l’hiver, on construit de grands baraquements dans les prairies au lieu dit " le Tilleul ". Pour distraire les soldats, certains soirs, par beau temps, une toile était tendue sur le mur latéral de la maison où habitaient Oscar Mornard et Mathieu Mordant, papa de Jean et Félix(actuellement la maison en face de’’ La P’tit Fournée) ; et les soldats , assis dans l’herbe, regardaient la projection d’un film.

C'était une initiative de l'abbé Malvaux, vicaire à Jupille, nommé aumônier militaire. Il fit preuve d'un zèle et d'un esprit d'initiative admirables. Ainsi, pour distraire les militaires et leur offrir une formation culturelle, il loue une ginguette (aujourd’hui appelée chapiteau) pouvant contenir +/- 500 personnes et, avec l’autorisation des propriétaires, on la monta "sol waide ǻ pourcês dans la prairie dite’’ aux cochons’’ (actuellement le vaste parking des appartements au carrefour Voie de Saive et rue du Magnificat).

A l’époque, à la jonction des 2 routes, il y avait une petite chapelle qui abritait la statue de la Vierge. L’entrée de la ginguette était adjacente à cette potale.

Presque toutes les soirées, des films sont projetés. La coqueluche du moment était Shirley Temple, actrice née en 1928 aux USA. 0n proposait aussi du théâtre, des conférences à Noël et à Pâques; il y eut des missions et, de temps à autre, la messe. On peut le lire sur le souvenir mortuaire de l’aumônier Malvaux , (document de Marguerite et Léon Scholtissen) mort pour la patrie le 12 mai 1940 lors de la retraite de l’armée.

Texte du souvenir :

Dès début de la mobilisation, Mr l’Aumônier J. Malvaux s’était donné tout entier à son nouvel apostolat,esprit entreprenant, cœur généreux comme il l’avait montré au cours de sa vie sacerdotale à l’Institut Saint Laurent à Liège, où il fut professeur et à Jupille, où il était vicaire. Il réalisa au dire de ses chers soldats en cantonnement à Tignée et à Saive, l’idéal de l’aumônier militaire.

D’humeur constante et toujours prêt à rendre service, son caractère jovial lui donnait accès auprès de tous officiers et soldats. Rien ne l’arrêta dans cette œuvre difficile entre toutes de l’apostolat militaire ; il construisit un cercle magnifique, où il entreprit de donner des séances, des conférences, des missions….

Comment oublier les auditoires impressionnants réunis à l’occasion de Noël et de Pâques pour entendre un éloquent prédicateur ! Et cette communion pascale qui remplit de soldats l’église paroissiale de Tignée. Quand l’heure du danger sonna, le vaillant aumônier se surpassa : appelé dans les tranchées, il confessa toute la journée du 10 mai ; sur la route tragique de Liers, le samedi 11 Mai, au milieu des bombes, il resta, debout, réconfortant par son courage ses chers soldats et administrant les mourants.

En retraite avec l’armée, à Ville-en-Hesbaye, Dieu lui demanda le sacrifice suprême ; il fut foudroyé par un obus, au soir du 12 mai 1940. Puisse sa mort contribuer à la victoire de la Belgique et au salut éternel de ses chers soldats du 1èr de ligne.

R.I.P Herve. Imp. Levaux frères

« Vous qui l’avez connu et aimé, SOUVENEZ-VOUS DANS VOS PRIERES DE L’AME DE MONSIEUR L’Abbé Joseph MALVAUX Aumônier du 1er Bataillon du 1er Régiment de Ligne Né à Herve, le 30 Septembre 1903 Mort pour la Patrie à Ville-en Hesbaye Le 12 Mai 1940 Miséricorde dieux jésus, donnez-lui le repos éternel (7 ans et 7 quar). »

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